Volume 27, Issue 2, Supplement, June 2015, Pages S22–S23
23e congrès SFTA et 53e congrès STC
Objectifs
Les
nouvelles substances de synthèse (NPS) ont profondément modifié la
scène des drogues depuis 2007. Les cathinones et les cannabinoïdes de
synthèse représentent plus des deux tiers des NPS. Les plus repérés en
ligne en France sont le kratom, la Salvia divinorum, la
méthoxétamine, la 5,6-methylenedioxy-2-aminoindane, la
5-Iodo-2-aminoindane (5-IAI), le benzofuran, la
méthylènedioxypyrovalérone (MDPV), la 4-méthylethcathinone et la
2-méthiopropamine. Ces consommations ont de multiples conséquences
somatiques, psychologiques, addictologiques et sociales. L’objectif de
la présentation est de discuter les conséquences cliniques de la
consommation des NPS les plus répandues, en détaillant les mécanismes de
toxicité.
Méthodes
Revue de la littérature clinique et expérimentale.
Résultats
Les
cathinones de synthèse sont des dérivés de la cathinone naturelle,
alcaloïde psychostimulant contenu dans les feuilles de khat (Catha edulis)
et présentant une structure dérivée β-cétone de l’amphétamine. Les
cathinones augmentent la concentration synaptique des monoamines par
inhibition de recapture en bloquant leur transporteur spécifique ou en
augmentant leur libération pré-synaptique. Les effets recherchés sont
l’augmentation de la sociabilité, l’empathie, l’euphorie, la performance
sexuelle et l’augmentation des capacités au travail. L’injection IV ou
« slam », parfois compulsive, de cathinones dont la méphédrone, le MDPV
et la pentédrone, est pratiquée au cours de soirées sexuelles marathons.
Les risques sont la survenue d’attaques de panique prolongée, d’état
délirants aigus, d’hallucinations, de paranoïa, d’idées suicidaires et
de troubles cognitifs. De nombreux arguments expérimentaux et cliniques
suggèrent que certaines cathinones ont un potentiel addictif
significatif (dépendance, craving, sevrage, anhédonie prolongée). La
toxicité aiguë associe tachycardie, douleurs thoraciques, hypertension,
anomalies à l’ECG, hyperthermie, mydriase, bruxisme, douleurs
abdominales, vomissements, céphalées, coma, œdème cérébral, convulsions,
tremblements, syndrome sérotoninergiques, parkinsonisme, troubles
électrolytique comme l’hyponatrémie, rhabdomyolyse, insuffisance rénale
aiguë et défaillance multi-organe à l’origine du décès. Le kratom (Mitragyna speciosa) contenant de nombreux alcaloïdes dont la mitragynine et le 7-hydroxy-7H-mitragyine, exerce des effets antinociceptifs, mais aussi un risque de dépression neurologique et respiratoire central. La Salvia divinorum,
contenant la salvinorine, agoniste opioïde kappa, entraîne une forte
dissociation et des hallucinations psychédéliques. La méthoxétamine,
anesthésique dérivé de la phéncyclidine, avec une forte affinité pour
les récepteurs NMDA et opioïdes mu, est à l’origine de confusion,
distorsion temporelle, aphasie, vertiges, agitation psychomotrice,
synesthésies, syndrome cérébelleux, addiction et lésions vésicales en
cas de consommation répétée. Les phényléthylamines dont le 5-IAI et les
dérivés N-méthoxybenzyl- ou NBOMe, utilisés comme psychodysleptiques
empathogènes, sont responsables d’agitation psychomotrice, d’attaques de
panique, de tachycardie, de céphalées, d’hallucinations persistantes et
déréalisation.
Conclusion
La
consommation de NPS est à l’origine d’un grand éventail de toxicités,
pouvant conduire aux urgences ou en réanimation. Il est nécessaire de
développer un réseau national associant urgentistes, médecins des
centres antipoison, addictologues, épidémiologistes et analystes pour
mieux identifier ces NPS, comprendre les tableaux cliniques toxiques et
renforcer la prévention en informant les usagers des risques encourus.
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